Les résidences de recherches alternatives à la Bergerie de Villarceaux

Depuis 2020, je co-organise des résidences de recherches alternatives soutenues par la FPH à la Bergerie de Villarceaux. Nous avons vécu 5 éditions à ce jour. Ces rencontres expérimentent l’absence d’enjeu de production, elles s’ancrent dans les conversations et les pleines présences, dans ce que le lieu et le temps long permettent de faire émerger. Nous y partageons nos idées, nos pratiques, nos envies autour d’autres formes pour la recherche-création, d’autres manières de raconter, d’autres espaces pour laisser le sensible se tisser à l’intelligible dans l’enquête et dans le processus de recherche : marcher dans les bois, reprendre les discussions autour du feu et des repas, participer à des ateliers animés par les unes et les autres (écritures alternatives, poésie, danse, radio, théâtre, photo, marches silencieuses…) avec du temps pour se proposer les unes aux autres des gestes, des idées, des expériences que nous tentons autour des écritures alternatives et du sensible. Il s’agit, tout en respectant la déontologie de qualité et de respect de nos thématiques de recherche, de s’ouvrir et d’expérimenter des déconstructions qui fassent émerger d’autres possibles.

L’objectif est de vivre, et de créer à partir de cette expérience (pendant, après la résidence) sans et de voir comment nos pratiques alternatives d’écriture, de recherche-création, de prise de parole, de modes d’enquête s’en trouvent transformées et légitimées par l’expérience collective de la résidence et les conversations. Il s’agit de soutenir les gestes et les savoirs fragiles, les chercheur.ses précaires, les épistémologies radicales dans leur diversité. Collectivement, nous renversons les stigmates épistémologiques.

Nous faisons alliance et constellations pour nous soutenir, faire connaissance et repartir ensuite dans nos lieux respectifs d’action, où nous sommes souvent isolé.es, avec la perception et les liens d’un réseau d’actrices et d’acteurs qui tentent d’autres manières de construire les savoirs. Nous ne sommes pas seul.es.

Participant.es

Les résidences sont ouvertes en priorité aux jeunes chercheur.ses, aux indépendant.es et/ou précaires, aux actrices et acteurs de la création et de la recherche-création, de l’écriture et des performances au sens large. Les chercheur.ses statutaires soutiennent par une participation financière et par leur implication dans l’organisation.

Les résidences sont pensées pour accueillir idéalement 8 à 15 personnes en cohabitation pendant 5 jours.

Thèmes des résidences

2020 – « Épuisements et régénérations » ; co-organisée avec Joëlle Le Marec

2021 – « De la sidération à la joie » ; co-organisée avec Yosra Ghliss et Marc Jahjah, et Léna Dormeau

2022 – Co-résidence d’écritures entre littératures et pratiques académiques ; co-organisée avec Adèle Cassigneul

2023 – Lancement de l’Institut du vide et des savoirs fragiles ; co-organisée avec Yosra Ghliss et Marc Jahjah

2024 – « Transformer l’académie : écritures radicales et non marginales du sensible » ;co-organisée avec Sophie Lewandowski et Baptiste Godrie

A venir en 2025 – Les savoirs de la précarité et Accompagnement au récit ; co-organisée avec Joëlle Le Marec

Perspectives

> Parmi les suites de ces résidences, dont nous n’avons pas toujours connaissance directement, nous pouvons citer : le travail sur et un début de mise en place de résidences de soutien aux chercheur.es précaires, divers écrits (plusieurs articles et ouvrages finalisés à la Bergerie par les résident.es, ou dont l’idée a émergé à la Bergerie[2]), de nouveaux liens et collaborations. 

Lien avec mon travail au MNHN

Depuis février 2024, je suis professeure au MNHN pour la Chaire junior « Recherche sur les sciences participatives : rôles et modalités transformatrices ». Le projet que j’ai présenté pour cette chaire repose en grande partie sur la question des récits et écritures, et il a mûri largement grâce à l’expérience des résidences à la Bergerie. Dans le cadre de la chaire, j’ai également proposé l’organisation de résidences pour les équipes du MNHN impliquées dans les sciences et recherches participatives, dont le format est inspiré de ces résidences.

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[1] Inspirée des roues du pouvoir et des privilèges, du travail de Erving Goffman et Louis Gruel sur le stigmate et son retournement (ici des « stigmates épistémologiques ») et de Patricia Hill Collins sur les matrices de domination (2016). Parmi les critiques radicales des sciences mobilisées : les travaux d’Isabelle Stengers, Arturo Escobar, Donna J. Haraway, Sandra Harding, Vandana Shiva, Miranda Fricker, Maria Puig de la Bellacasa, Boaventura de Sousa Santos, …

[2] Par exemple : Dormeau, Léna et Faury, Mélodie, 2021. « Faire le deuil de ce que l’on ne désire pas », Multitudes, 2021/4 (n° 85).

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